ROMAN FEUILLETON (ch.2) : “RAIN BIRD”

Pour des raisons techniques, j’arrête  aujourd’hui la publication  de ce roman feuilleton sur les pages de ViceVersa. J’invite tous ceux qui veulent  suivre sa publication quotidienne  à se brancher  sur ma page personnelle  de facebook et sur  Fulvio-caccia.com. Bonne lecture.

Fulvio Caccia

2. La visite inopinée du commissaire divisionnaire lui avait scié les jambes. Lui qui s’était fait une joie de rénover la maison pour commencer sa nouvelle vie, regardait maintenant d’un air désolé l’état de son chantier. Les piles de lattes de bois flottant, les feuilles de placo dans la cuisine, le ravalement de la façade externe… les escaliers à terminer. Il se demandait comment il allait finir avant la rentrée. David lui avait bien promis à son retour de lui donner un “coup de main”. Mais pouvait-il vraiment compter sur son fils qui, de surcroît, était à 4 000 km ? Et voilà que ce roman oublié lui rebondissait à la figure par le moins prévisible de ses lecteurs : un policier !

Fox s’écrasa sur le canapé, fixant un point indéfini devant lui. Il resta ainsi un bon moment puis lentement regarda ses mains tachées de peinture : elles tremblaient. Etait-il déjà en train de se comporter comme le coupable idéal ? Il comprit qu’il devait agir.

Sur son bureau trônait l’ordinateur. Il se leva, arracha la housse qui le recouvrait et l’alluma. Ses doigts gourds pianotèrent fébrilement toutes les combinaisons en anglais et en français des mots suivants : fait divers, Septième Ciel, Venice, Californie, drogue. Sur l’écran apparurent une vingtaine de références qui ne lui apprirent rien d’autre que ce que disait la coupure de journal laissée par le commissaire. En Californie, un SDF, sous l’emprise de cette drogue synthétisée depuis quelques années déjà, aurait “dévoré” le visage d’un malheureux congénère au point de le rendre méconnaissable. Fox resta dubitatif sur l’utilisation du terme «dévoration» par les journalistes mais s’inquiéta des propos des autorités qui redoutaient qu’une recrudescence de violence sauvage ne déferle à son tour sur l’Europe.

Quant au meurtre survenu il y a cinq ans, c’était toujours la même brève qu’il avait consultée alors. Un homme de vingt-sept ans avait été trouvé dans une mare de sang, vers 4h30 du matin, mortellement blessé au niveau du cou. L’article se terminait ainsi : ” la brigade criminelle a été chargée de l’enquête”.