Giuseppe A. Samonà
Vacci, hai detto. Ci sono andato.
Mi sono sprofondato dentro. E anche fuori, al margine. Il mio fiato era trattenuto.
Quattro macchie color nocciola, caprioli: due da una parte due dall’altra, li divide il fiume trasparente – azzurro. E sono solo sguardi, immobili, tutti in direzioni diverse, mentre intorno i tanti colori suonano per sostenere il verde. Sul fondo, dov’è più lontano, un capriolo incurante beve l’acqua con gli occhi – e beve; poco più in là sulla stessa sponda, un altro è voltato all’indietro, dove si inerpica la vegetazione e il fiume risale attraverso l’impetuosa cascata, per poi perdersi laggiù, ancora più lontano, nei territori invisibili della lontananza tutta, quando il ricordo si confonde col sogno, ed è il solo che vive, ed è sempre: un muretto screpolato, le cicale ebbre di sole, le papere che nuotano nel lago, le dispettose danze dei girini… Più vicini – solo il silenzio c’impedisce di toccarli – gli altri due caprioli. Uno ha anche lui il muso verso l’acqua, ma più di sbieco, e con l’occhio raggiunge il mio occhio – mi guarda. Tranquillo. L’altro è anche lui voltato all’indietro, ma non nel fuori lontano, che sogna – il suo sguardo, come inquieto, scavalca la parete rocciosa, attraversa il silenzio: ha sentito un rumore? Eppure non mi sono mosso, il mio fiato è ancora sospeso… Forse allora la sua è una premonizione, neanche lui sa di che, come un sospetto, un odore, un vento di sconosciuto futuro – ma almeno non sono io, quel futuro annunciato, non esserlo tu. Con il passo riservato della memoria, senza respirare, ancora, allontànati in punta di piedi, evitando di quel sentiero foglie e rametti: è così breve l’eternità dell’estasi, e delicata, un nulla può dissolverla, e per sempre – e d’improvviso sarà paura.
N.B. Non confondere con Remise des chevreuils en hiver: di caprioli ce n’è uno solo – e fa freddo.
***
Vas-y, tu as dit. J’y suis allé.
J’ai plongé dedans. Et aussi dehors, dans les marges. Mon souffle était retenu.
Quatre taches couleur noisette, des chevreuils : deux d’un côté, deux de l’autre, séparés par le fleuve transparent – azur. On ne voit que leurs regards, immobiles, tous tournés dans des directions différentes; autour d‘eux, un jeu de couleurs pour soutenir la suave intensité du vert. A l’arrière-plan, un chevreuil insouciant boit l’eau des yeux – et il boit ; un peu plus loin sur la même rive, un autre chevreuil est tourné vers l’arrière ; on voit la végétation foisonnante et le fleuve qui remonte à travers la cascade impétueuse, pour finalement se perdre là-bas, encore plus loin, dans les invisibles territoires de la distance absolue, là où le souvenir se confond avec le rêve, et il est le seul qui existe, et existe pour toujours: un pan de mur gercé, les cigales ivres de soleil, les canards qui nagent dans le lac, les danses taquines des têtards… Plus près – seul le silence nous empêche de les toucher – les deux autres chevreuils. L’un d’eux a le museau dirigé vers l’eau, mais plus en biais, et son œil rejoint mon œil – il me regarde. Tranquille. L’autre regarde, lui aussi, en arrière, mais pas au dehors, vers le lointain qui rêve, et fait rêver – son regard, comme inquiet, passe par-dessus la paroi rocheuse, traverse le silence : a-t-il entendu un bruit ? Pourtant, je n’ai pas bougé, mon souffle est toujours retenu… Peut-être n’a-t-il eu qu’une prémonition, de quoi, même lui ne le sait pas, c’est comme un soupçon, une odeur, un vent léger soufflant d’un futur inconnu – mais au moins ce n’est pas moi, ce futur annoncé ; et toi, ne le sois pas non plus … Éloigne-toi sur la pointe des pieds, telle la mémoire, sans respirer, en évitant les feuilles, les branches sèches sur le sentier : elle est tellement courte, l’éternité de l’extase, et si délicate, un rien suffit pour la dissiper, et pour toujours – et tout d’un coup, infinie, ce sera la peur.
N.B. Ne pas confondre avec Remise des chevreuils en hiver: là, de chevreuils il n’y en a qu’un – et il fait froid.
(Avec la complicité de Sophie Jankélévitch, pour la version française)