Roberto Scarcia
2014 n’est pas une année comme les autres : il y a un siècle l’Europe commençait la page la plus sanglante de son histoire. La 27e édition du Fipa a marqué comme entendu l’anniversaire de la Grande guerre avec films de fiction et documentaires et un prix spécial au réalisateur belge Jan Matthys pour son film In Flamse velden ou Dans les champs flamands, fameux théâtre de la guerre de tranchée.
Le film suit la vie d’une famille bourgeoise de l’époque, celle du Docteur Boesman à Gand et les effets de la guerre sur ces membres. Au-delà de l’histoire d’une famille marquée par l’horreur de la guerre, le film a le mérite de ne pas tomber dans la germanophobie et les exactions dont est victime la famille allemande de la ville ne sont pas passées sous silence. Le film de Jan Matthys fait un effort louable pour présenter un univers humain bilingue ce qui rend honneur à la diversité culturelle de la Belgique.
14, Des armes et des mots, signé par Jan Peter est une touchante coproduction française, allemande, canadienne et slovène. Cette série s’appuie sur les journaux personnels de quatorze témoins, ayant vu leurs vies bouleversée par la guerre. Le film associe fiction et images d’archives. Dommage que seulement le premier épisode ait été présenté. « 14-18, refuser la guerre » de Georgette Cuvelier est un documentaire que raconte la guerre en donnant la parole à ceux qui s’y sont opposés. On y retrouve non seulement des noms connus comme Jean Jaurès, Romain Rolland, Siegfried Sassoon ou encore Bertrand Russell mais aussi d simples soldats, protagonistes du refus de la guerre et de la conscription.
Venant d’une réalisatrice, le film de Georgette Cuvelier apporte un élément nouveau et inattendu : celui critique et sans complaisance des fameuses suffragettes qui ont souvent choisi la collaboration avec les bellicistes en échange de leur reconnaissance politique. Cet te série devrait être un outil didactique pour tous les pays qui se disent européens parce qu’elle permet de comprendre les voix à contre courant dans l’ensemble du continent au moment de cette tragédie. Mais surtout, il est fondamentale que les nouvelles générations sachent que lors les jours de Noel 1914, le deux tiers du front anglo-allemand ont fraternisé ; que pendant la offensive meurtrière des Chemin des Dames, les deux tiers des régiments d’infanterie française se sont mutinés, comme l’a fait la marine allemande plus tard et qu’un million de soldats russes et allemands ont déserté. ce sont là des chiffres éloquents qui illustrent au -delà des frontières la diversité du refus de la guerre.
Voilà un devoir de mémoire capital des nos jours où les tambours de guerre du vieux continent ont avoir recommencé à résonner, de la Lybie à la Syrie en passant par la Mali.