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Auguste vs “August”

Les dictateurs sont souvent des clowns tristes qui pour se dérider projettent leurs passion tristes cher à Spinoza sur le monde devenu  leur carré de sable personnel. Là  ils peuvent faire et défaire leur château à leur guise, comme des enfants capricieux, colériques et frustrés qu’ils ont été. La scène du « dictateur » où Charlot/Hitler fait virevolter le globe sur ses pieds est éloquente à cet égard. En vérité les dictateurs cherchent leur double qui les déridera, un peu beaucoup, passionnément de leur mélancolie rédhibitoire. On raconte qu’Hitler s’est fait souvent projeter le film de Charlot tout hilare de s’être fait démasquer par un sosie qui lui ressemblait tant. Je ne sais pas si cette histoire est vraie, mais une chose est sûre. Chaplin était un clown triste qui se jouait de l’esprit de sérieux et Hitler un triste clown qui se prenait au sérieux. L’un était ironique, l’autre sardonique.  La semaine du 24 février  lors de la marche l’Ukraine à Paris, une militante ukrainienne rappelant les anciennes déclarations d’Alexeï Navalny pour conserver l’Ukraine dans le giron russe, l’avait comparé à un clone de Poutine. Cette affirmation navrante sinon maladroite quelques jours après la mort de ce dissident exemplaire n’est cependant dépourvue de vérité. Car si Navalny ressemblait au despote du Kremlin, c’est parce que Poutine face à lui était devenu sa caricature, une marionnette ridicule et piaffante.

L’ironie est un puissant dissolvant  du pouvoir des autocrates. C’est ce tournant ironique qui a sans doute donné au combat de Navalny sa prégnance et sa grandeur. Poutine le savait et le redoutait. Navalny a fait le pari que la prison dans laquelle il serait enfermé en revenant en Russie était aussi celle de Poutine même si elle était dorée. Pari risqué et dangereux, certes. Mais pari calculé. Voici à ce propos ce qu’en dit Vladimir Jankélévitch : « L’ironie qui ne craint pas les surprises, joue avec le danger… Elle l’imite, le provoque, le tourne en ridicule… même elle se risquera à travers les barreaux, pour que l’amusement soit aussi dangereux que possible, pour obtenir l’illusion complète de la vérité ; elle joue de sa fausse peur, et elle ne se lasse pas de vaincre ce danger délicieux qui meurt à tout instant. Le manège, à vrai dire, peut mal tourner, et Socrate en est mort ; car la conscience moderne ne tente pas impunément les créatures monstrueuses qui terrorisèrent la vieille conscience ».

Ces réflexions du philosophe français datent de la guerre froide. Elles demeurent plus que jamais d’actualité aujourd’hui à l’heure où l’on a enterré le dissident russe. Ces propos ont une autre vertu : celle de jeter une lumière inédite sur les liens que l’ironiste tisse avec l’autocrate. Et plus encore. Le modèle du clown triste, c’est l’Auguste. Son nom d’origine de l’argot berlinois qui veut dire « idiot ». Un dimanche de 1874, un garçon de piste du Circus Renz à Berlin trébuche sur la piste et s’effondre de tout son long dans la sciure. C’est l’hilarité générale. « Auguste » le clown qui fait écho au fou du roi du moyen-âge était né et aussitôt baptisé. Auguste renvoie aussi au premier empereur de l’Empire romain — Auguste — que les autocrates  ont cherché à imiter depuis le Saint Empire romain germanique jusqu’au 3e Reich. Les vrais Augustes aujourd’hui ne
sont pas. ce  que l’on croit.

Le nouvel évangile : le paradoxe transculturel

Par tradition catholique, le Christ a toujours été présent en Italie méridionale. Au siècle dernier, il l’a été aussi par sa médiation littéraire (Le Christ s’est arrêté à Eboli de Carlo Levi) puis cinématographique (Pier Paolo Pasolini et Mel Gibson). Voici qu’en 2019 à Matera, en Italie, le cinéaste activiste suisse Milo Rau en a ajoute un cran en le faisant porte-parole des exploités agricoles. Ce sel de la terre est « Le nouvel évangile » que l’Observatoire de la diversité culturelle des Lilas a eu l’excellente idée de projeter le 6 mars 2024 en présence de son acteur principal, l’activiste italo-camerounais Yvan Sagnet.

Rarement film aura percuté aussi frontalement ma propre histoire familiale. Nous sommes en 1899 dans les Pouilles, un garçon de seize ans s’apprête à émigrer comme des millions d’autres pour les Amériques. Il a refusé d’être un « bracciante » : un travailleur agricole employé à la journée et payé une misère. Les latifundia, ces grandes propriétés survivent encore par leur archaïsme sectaire dans cette Italie à peine remembrée. Avec son pécule amassé vingt ans durant, il achètera un lopin de terre et deviendra à son tour exploitant agricole. Ce jeune méridional s’appelait Giovanni Montaruli. C’était mon grand-père.

Un peuple d’immigrants à l’épreuve du migrant
Si ma famille était restée dans les Pouilles, il est possible que j’eusse hérité de ses terres. J’aurais alors été confronté au dilemme exposé dans ce pertinent docu-drama : céder aux pressions des grandes firmes en exploitant à mon tour les plus fragiles que moi ou résister avec les ouvriers agricoles pour trouver ensemble une autre manière de vivre et de travailler. Tel est aussi l’équation christique que Milo Rau nous propose de revisiter.

Le coup de génie du cinéaste activiste est d’avoir su croiser dans ce film le combat spirituel du passé avec la révolte des exploités du présent. Ce télescopage inopiné redonne toute son sens et sa brûlante actualité au sacrifice christique qui permet simultanément de faire une œuvre de cinéma et de ressembler des personnes fort différentes qui jusque là ne s’étaient pas parlé.

Voilà bien la grande vertu sinon l’originalité de ce cinéma engagé comme l’a reconnu volontiers l’activiste Yvan Sagnet que Rau a choisi justement pour interpréter le Christ. La médiatisation induite par le film qui a remporté le prix du meilleur documentaire en Suisse a en effet rendu possible les conditions d’une filière agroalimentaire éthique dans cette région ? Conséquence : la légalisation et l’amélioration de la situation de milliers de travailleurs agricoles africains migrants et souvent sans-papiers; (Pour informations www.nocap.it  

Le moment transculturel
Cette mobilisation à laquelle nous assistons avec ses contradictions et ses hésitations (que le cinéaste a choisi de conserver) est aussi un pur moment transculturel. L’œcuménisme linguistique se déploie dans toute sa diversité. Le bambara, le wolof… l’italien, le français, l’anglais s’entrechoquent dans un joyeux et militant Babel sonore et musical. Elles créent de la sorte l’espace d’une hospitalité transculturelle à mi-chemin entre la langue nationale et la lingua franca du commerce mondialisé. A contrario, ce moment désigne aussi aux pouvoirs autocrates le nouveau bouc émissaire : le migrant sans papier souvent africain. Le projet de « remigration » de l’extrême droite allemande ne laisse hélas pas de doute à cet égard.

Kairos
Tel est le « Kairos », l’occasion dont Rau, comme à son habitude, sait saisir les enjeux et réussit à la mettre en scène. Matera était à cet égard le lieu idéal. Non seulement à cause du cinéma plus haut mentionné, mais parce qu’elle fut naguère, la ville la plus misérable d’Italie avant d’être en 2019 élevée au rang de capitale culturelle de l’Europe. Matera toutefois n’a pas coupé complètement avec la misère puisqu’elle abrite aussi le plus grand ghetto de travailleurs agricoles migrants de l’Italie méridionale. Voilà bien l’occasion pour croiser le profane et le sacré tant du point de vue éthique, esthétique et politique. Cela donne un curieux, mais très efficace objet social hybride qui, comme les graffiti de Banski, casse les codes de la représentation classique et innove la manière de faire événement.

La distanciation de Brecht et les Mystères
Pour y arriver, le réalisateur activiste va appliquer deux méthodes éprouvées . La première, la plus récente, est celle de Berthold Brecht qui a théorisé la distanciation de l’acteur avec son personnage. Le but est de révoquer, derechef, toute tentative d’identification. En étant le témoin de la fabrication du film et de sa mise en scène effective, le spectateur est toujours renvoyé à son rôle politique d’observateur et d’acteur potentiel du réel. Étonnante mise en abyme où la fiction se confronte à la réalité, où le profane permute le sacré et le déconstruit.

La seconde est la plus ancienne est la réactivation de la grande tradition des « Mystères ». Au moyen-âge ce fut un formidable outil pédagogique utilisé par l’Église pour instiller la foi au peuple des villes souvent illettré. La passion du Christ en est le cœur. La ville entière y participe dans un formidable élan d’espérance carnavalesque et populaire. Cette tradition a donné naissance par l’entremise de Rabelais à la fiction moderne : le roman.

Émotion, motion, démotion
Mais chez Rau la parodie rabelaisienne si drolatique brille par son absence. C’est d’ailleurs la limite de cet exercice qui reste obstinément dans le registre social. En voulant réduire sciemment la dramatisation du mystère, en gommant au maximum sa dimension spirituelle, Rau affaiblit sa valeur esthétique. Or la Mimesis, l’imitation bien comprise induit l’ironie qui est le fondement de l’art moderne authentique. Car par l’art, le sacrifice humain, le bouc émissaire, n’est plus la condition nécessaire pour faire l’unité du groupe. Rau le sait bien, mais s’en méfie. Malgré quelques beaux et grands moments d’émotion (dont l’une ô combien troublante dans laquelle un jeune homme italien voulant jouer un soldat de Ponce Pilate torturant le Christ se transforme sous nos yeux en véritable monstre de cruauté), plusieurs scènes sont bâclées, ou à peine esquissées. L’impression qui s’en dégage demeure celle de l’improvisation, de l’inachevé. Encore, un sympathique fourre-tout que les cinéastes militants ont le don de trousser. (Deux mois plus tôt dans la même salle Yannis Youalountas présentait son nouveau documentaire intitulé « Nous n’avons pas peur des ruines », mais moins réussi). On me dira que cela est assumé d’emblée. Certes, mais à trop vouloir court-circuiter l’émotion et circonscrire l’ironie, on réduit le film à une plaisante pochade, une aimable répétition d’amateurs, un théâtre social utile bien sûr, mais conjoncturel qu’il faut consommer avant que la date de préemption n’échoie. Dommage.

Encore un effort monsieur Rau !

 

Alexei Navalny : the man who said no.

I have just learned of the death of Alexandre Navalny, aged 47, in his Siberian prison. His death touches and saddens me as if I had lost someone close to me. And indeed he was. By braving fate as he did until now, I had come to believe that he was immortal, or at least strong enough to withstand the incarceration of the Putin regime. We knew he was ill and poorly cared for, we knew he was in solitary confinement and suffering the worst abuses, but I still wanted to believe he would pull through. I wanted to believe that his prison in the Arctic Circle was far enough away from the circles of central power that his jailers, or at least one of them, realizing his value, would soften the conditions of his detention; I wanted to believe that the “baraka” he had saved so far was still on his side to ensure the transition of the Russian people to a genuinely democratic and peaceful regime: as was the case for Vaclav Havel thirty years earlier. I wanted to believe that his iron will, his courage, would protect him like an invisible shield. But I was naive, I was wrong; he was just a man after all. An ordinary man.
A man is strong and fragile at the same time. A man can be degraded, hurt or killed.
There’s something Christ-like about his struggle, which should be saluted with the dignity his gesture demands. He embodied something greater than himself, greater than the cause he was defending, greater than man.
“It’s his vanity”, the cynics will retort, and there will soon be plenty of them in Europe chanting that he ” asked for it”. These cowards will hasten to disguise his courage as temerity; to swap his strength for mild madness, or even pathetic delirium; they who dream, as they once did, of the “glorious revenge of the oppressed”, who boast of being on the right side of History, pretending to be unaware that they are the useful idiots of autocrats, only too happy to exploit for their own benefit the resentment of the world’s outcasts.
This compromise is nothing new: it has accompanied the fight against inequality since the dawn of time. In the folds of revolt, draped in the certainties of the oppressed, future tyrants emerge. Revolutions are breeding grounds for despots. Today, no one can ignore this.
And yet, we pretend not to know it. Some of the most “militant” are keen to blame “the West” for all our ills, and dream of France’s own swing to the extreme right. By his indifference and liberal arrogance, isn’t he the cause of everything that’s happening? This tartufery must stop. We must have the courage to say no, as Alexei Navalny did, and recognize our enemies for what they are: accomplices, cowards and murderers.

Emigrants, sons or grandsons of emigrants, let’s not be the useful idiots of the extremes. Speak up! Now!

After blacks and Jews, will emigrants be the scapegoats of our so-called liberal and right-thinking societies? Nothing new under the sun, you might ask! For this theme has been around for as long as mankind has been on the move, in other words, since the dawn of time, but for the last thirty years or so, it’s been getting tougher; ever since the emigrant had the misfortune to have the dark complexion of a North African worker, or the black skin of a sub-Saharan African laborer. The result of the legislative elections in the Netherlands is a sad illustration of this. The rise of the far right, as in the 1930s, is a recipe for fascism and mafias, with war an inevitable outcome! Fear will have changed sides, encouraged by the ignorance and indifference of the right-wingers. And in the end, someone will have to pay their weight in flesh and blood to calm the ardor of the madmen who will then be in charge. But this time, surprise! It will no longer be the anonymous members of minorities whose sacrifice we will be moved to discover, but our very humanity that is in danger of disappearing. This is where the danger lies.
The mechanisms of resentment and rivalry that lead to this predicted disaster have long been known. Freud opened the way by explaining how desire works; René Girard added to this understanding the spiral of mimetic rivalry that leads to conflict and the sacrifice of the scapegoat. Culture and education are the only way to guard against this. And that means knowing our own family history. Many of us will be surprised to discover how closely this history is linked to immigration. Who doesn’t have a father, mother or grandfather who didn’t come from somewhere else? A good quarter of French society has foreign origins. “France is diversity”, as the historian Fernand Braudel once said. The same is true of our contemporary societies as a whole. Forgetting this history condemns us to death. So what’s to be done? Those who are in a position to speak out, to bear witness to their experiences as sons or grandsons of migrants, must speak out. And now. All the time. All the time. I’m not unaware of the toxic influence of social networks, which the craziest among us seize upon to impose their delusions. I’m not fooled by these hijackings and I’m aware that this exhortation will have little echo. But we have to start somewhere, or start again. As the son and grandson of emigrants, having lived in three different countries myself, I cannot accept the appalling silence in which we are condemned by the manipulations of a few. So today I urge all those who can to do so. Speak out now. Afterwards, it will be too late.

Mary Melfy : Immigration, an inside story

Mary Melfi belongs to the last generation of Italian immigrants to Canada. In the 1950s, she arrived in Montreal and, like most of her fellow immigrants, was schooled in English. This fact was not without implications in a Quebec in the midst of an identity crisis, where Montreal’s linguistic balance became a crucial political issue. Mary Melfi was nevertheless obliged to observe these linguistic and political upheavals as she continued her journey in the English-speaking literary world, which had already been shaped by previous generations of immigrant writers. After the Scots, the Irish and the Ashkenazi Jews, it was now the turn of the Italians to make their mark on the literary scene. And Mary did so with a tenacious ingenuity that was not devoid of brilliance. Editions Guernica was on hand to support her, as its founder, Antonio d’Alfonso, is an inimitable talent scout.
Mary Melfi soon stood out. The surrealism of her poetic universe, punctuated by abrupt phrasing and populated by surprising, lapidary images, reflects the inequalities of a society overwhelmed by progress. Over the years, she has published a dozen books, including two novels and a play. Her latest opus, Welcome to Hard Times, is no exception. The title itself is not insignificant. It refers expressly to two novels of the same name. The first, by E.L. Doctorow, was made into a film in 1967 (with Henry Fonda in the lead role); the second, by Dickens, tells the story of a devastating strike in the Manchester mills in the 19th century. It’s no coincidence that this fight against evil and exploitation is also the leitmotif of Melfi’s work. Divided into eight sections, the poems in this recent collection describe a world made even crueler and more absurd by the impoverishment brought about by hypercapitalism. ‘ Being poor is synonymous with living in the desert/with machine guns for company/Nothing Much to eat/Nothing much to do.
This is Melfi’s style. Reduced to the bone. Anger, revolt and irony run between the lines. Faced with the fears induced by the alleged excesses of multiculturalism, she asserts: “Some say such divisions are destructive. Some say my country is being destroyed-/divide a proton and see what happens!/I say: Don’t worry. But this elliptical poetry is also keen to settle accounts with God himself and his crucified son! In h
er poem The Man from Beyond Time, Superman is the Jesus Christ of the 21st century… Superman performs miracles, so does Jesus Christ/except Superman decides whom he helps out/but anyone can pray to Jesus Christ/and get Him to come round and work his magic/so Jesus Christ is the real superhero in this saga/if you ask me/. The superimposition of these scrappy phrases exudes a false naiveté that gives her writing all its aplomb and originality.                                                                     

This is particularly true of her story “Là-bas en Italie, conversation avec ma mère”, the original of which was published in 2009 by Guernica. Antonio D’Alfonso, her historic publisher, presents it with sensitivity and modesty. Reading the hundred or so columns in this editorial UFO, halfway between ethnographic document, autobiography and dramatic comedy, I can’t remain indifferent. These chronicles, born of the intertwining of two strong individualities, are also mine. More than once, I found myself, like the child I was then. They punctuate my own journey. The song “La casetta piccolina in Canada” was still on the charts when I left the port of Naples. Here’s what she had to say about that port: “Naples, city of jubilation and sorrow. A city of beginnings and endings. Can history be remade? It all depends… Do the poor weigh in the balance? Is America the biblical land of milk and honey? Is there life after death? That says it all. By tracing the thread of his own life, Melfi reveals the other, invisible, hidden side of History: the one we want to forget because it reminds us of the time when we were poor. Suddenly, this story is no longer a personal, intimate tale, a “wives’ tale”, but rather the eternal story of exile, of  generations, and through it, the story of our human condition. It is in this way that this book becomes universal. At a time when right-wing extremists around the world are thriving on denouncing immigration, everyone should read it.
Melfi succeeds in the trick of making a banal life seem moving, funny and fascinating, without ever falling into melodrama. Apparently, girls are better at this than boys. This is shown by the large number of artistic initiatives on the same theme in France and, no doubt, elsewhere in Europe. Mary Melfi was a pioneer in this field. And what a pioneer she was! Mordant, ironic and capable of self-mockery, she integrates her mother’s many recipes into her memories! Because the passing of the torch also takes place in the womb, in both senses of the word. Is i
t any wonder that this book ends with recipes for cookies?

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In short, let’s make our amends here. Wary of the miserabilism associated with immigration and its melodramatic overtones, I was mistaken in initially classifying this book in that category. I’ve always felt that stories like this could only be told if they were the result of either exile – i.e., the impossibility of return – or tragedy. That’s why I decided from the outset to dramatize it in novels, which, alas, are nowadays plagued by bloody news stories. For me, the ” educational novel ” was the obvious way to tell this hidden story. The Polytechnique tragedy, which took place over thirty years ago in Montreal, was an eye-opener. I wanted to tell it in my own way in a novel, “La coïncidence”, published by the same Quebec publisher. It’s no coincidence. My latest novel traces the impact this tragedy had on the second generation. But will it even be audible? In these difficult times, it’s vital to restore the thread of history, large and small, as Mary Melfi has doggedly done.