Giuseppe A. Samonà
Au Guatemala il y a des lacs, des Indiens, quelques touristes, et aussi un chien. Pour le trouver, il suffit de suivre les instructions.
On arrive en bus (les touristes) jusqu’au bord de l’eau (le lac), qui, par ailleurs – on va vers l’heure du couchant – se confond avec le ciel, les rares nuages: c’est rouge, violet peut-être, avec une touche de bleu, et au fond une chaîne de volcans. Et on prend un petit bateau pour arriver jusqu’à l’un des villages qui bordent la côte. Amen.
On grimpe en short vers le sommet, par des sentiers tortueux, tandis que les Indiens, vêtus de couleurs vives, descendent en groupes par les mêmes sentiers, ils chuchotent en riant, et ils demandent: pourquoi montes-tu? Une fois en haut (il y a aussi une église plus longue que large, toute blanche) on se laisse glisser en bas – et les sentiers sont toujours les mêmes – pour croiser de nouveau les Indiens qui à présent remontent comme en volant vers le sommet, et ils chuchotent en riant, et ils demandent: pourquoi descends-tu?
On va vers l’heure du couchant qui n’arrive jamais – le soleil, mourant, oblique, illumine encore, et, encore puissant, inonde tout. Sur la grande place que prolonge l’eau du lac – confondue avec le ciel, rouge et violette avec une pointe de bleu – sommeille, étendu sur le flanc, un petit chien – minuscule. Il attend, heureux dans la tiédeur, que finisse le jour. A chaque respiration son ventre un peu gonflé se soulève et son gracieux petit corps laisse apparaître le dessin de ses côtes. Il est petit, ce chien, encore plus petit sur cette grande place prolongée par l’eau et le soleil mourant.
Un tableau. Dans l’angle opposé, au sommet du sentier tortueux, un beau chien de race. Inattendu, imprévu – énorme. Il se tient tout en haut, dominateur, et surplombe la scène, immobile et attentif. Il voit au loin l’eau et le ciel, la place inondée de soleil, avec le petit chien. Le temps d’un éclair – il a commencé la descente. Le beau chien de race caracole fièrement, tel un cheval lancé au galop, vers la place, vers le petit chien – qui sommeille, ignorant de tout. Il est de plus en plus énorme à mesure qu’il s’approche: l’écume aux babines, il saute par- dessus la barrière qui entoure la place, ses pattes musclées, léonines, dévorent le sol, soulèvent la poussière – cependant que dans l’angle opposé, au fond de de la place, sommeille toujours le petit chien, ignorant de tout, petit, de plus en plus petit. Petit.
Encore quelques mètres, bribes de temps, de vie. (…Et Achille s’approchait, immense, tel Ényale, le dieu guerrier…) Quand tout à coup le petit chien ouvre les yeux et bondit en avant, en aboyant. Furieux. L’autre, l’énorme chien, freine, ses pattes labourent la terre, dans une déflagration de poussière, de terreur, de défaite. Enorme, de plus en plus énorme, il se détourne et s’enfuit avec à ses trousses le petit chien furieux qui toujours aboyant l’a presque rejoint. Ils atteignent ainsi la barrière qui entoure la place, l’énorme chien la franchit d’un bond – le petit alors s’arrête, s’asseoit, et le regarde disparaître à l’horizon. Puis il regarde l’eau et le ciel, tranquille. Il est humble et petit, de plus en plus petit, il trottine, un peu bancal, vers l’angle le plus reculé de la place, celui d’où il était parti. En arrivant il flaire l’endroit, le reconnaît, arrange d’une patte la terre déplacée par l’incident, et se laisse mollement tomber sur un flanc pour sommeiller à nouveau, heureux dans la tiédeur rouge violette bleue qui finit, et ne finit jamais.
Immortelle agonie.
(Appendice afro-oriental. A Memphis, en basse Egypte, j’ai rencontré à nouveau le petit chien du Guatemala: mais plus de cinq mille ans d’histoire en ont calmé les ardeurs. Il est blotti au pied du Sphynx d’Albâtre, immobile et indifférent au flot incessant de touristes qui défilent à ses côtés, ou stationnent devant lui, comme s’il était là depuis toujours, avec la même majestueuse simplicité, sourd à la rumeur du monde du grand Ramsès qui repose à quelques pas de là.)
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P.S. (pour les italophones) – se mi trasporto (traduco?) nella lingua in cui sono nato quel ricordo, o invenzione, sogno, non so perché si dispone in altra maniera. Innanzitutto, c’è la voce dell’autista che, appena varcata la frontiera, urla raccattando la gente per la strada: Guate, Guate (è così che la chiamano, i Guatemaltechi, la loro capitale). Poi, un altro autobus che dalla Ciudad capitale riparte arrancando per strade impossibili. Infine, quando la vera avvenura comincia, è un altro il titolo che mi viene da darle, anche se in fondo il senso è lo stesso: Un cane è un cane, diavolo!
Non solo in Oriente si scalano le montagne
In Guatemala ci sono laghi, Indiani, qualche turista, e anche un cane. Per trovarlo, basta seguire le istruzioni.
Si arriva con un autobus (qualche turista) sul bordo dell’acqua (il lago), che per altro – si va verso il tramonto – si confonde con il cielo, le nuvole rade: è rosso, forse viola, un po’ azzurro, con sul fondo una catena di vulcani. E si prende una barchetta per raggiungere uno dei villaggi (gli Indiani) che popolano la costa. Amen.
Ci si arrampica in pantaloni corti verso l’alto, per sentieri tortuosi, mentre in vestiti colorati gli Indiani, per gli stessi sentieri, sciamano verso il basso, ridendo, e parlottano – chiedono: perché sali? Giunti in cima (e c’è pure una chiesa più lunga che larga, e tutta bianca), si rotola verso il basso – e i sentieri sono sempre gli stessi -, per di nuovo incrociare gli Indiani, che ora volano verso l’alto, ridendo, e parlottano – chiedono: perché scendi?
Si va verso il tramonto, che non viene mai – il sole, morente ed obliquo, illumina ancora, ed inonda, ancora potente. Sul grande piazzale che l’acqua del lago lambisce – confusa col cielo, di viola e di rosso, azzurrati -, un piccolo cane, minuscolo, sonnecchia sdraiato su un fianco. Aspetta, beato al tepore, che il giorno finisca, e la pancia un po’ gonfia si muove al respiro, disegnando le coste del suo gracile, piccolo corpo. È piccolo, il cane, ancora più piccolo in quel grande piazzale lambito dall’acqua, e dal sole che muore, potente.
Un quadro. Con nell’angolo opposto, in cima al sentiero tortuoso, un bel cane di razza. Inatteso, improvviso – ed enorme. Sta in alto, padrone, e dall’alto sovrasta immobile, attento, la scena. Vede, in lontananza, l’acqua ed il cielo, il piazzale assolato, il piccolo cane. È un attimo – la corsa, la discesa è cominciata. Il bel cane di razza caracolla fiero enorme come un cavallo lanciato al galoppo verso il piazzale, verso il piccolo cane – che ignaro sonnecchia. È avvicinandosi enorme, sempre più enorme: travolge, salta, la bava alla bocca, lo steccato che delimita il piazzale, le sue zampe muscolose, leonine, divorano il terreno, sollevano la polvere – mentre nell’angolo opposto, in fondo al piazzale, il piccolo cane ignaro sonnecchia, ed è piccolo, sempre più piccolo. Piccolo.
Pochi metri ancora, briciole di tempo, di vita. (…E s’appressava Achille gigante… gli fu vicino, simile a Enialio guerriero…) Quand’ecco che il piccolo cane apre gli occhi, improvviso, e scatta. In avanti, abbaiando. Furioso – mentre l’altro, l’enorme, frena, le zampe a solcare la terra, in un fuoco sorpreso di polvere, sconfitta, e terrore. E enorme, sempre più enorme, si volta, e fugge – con il piccolo che furioso lo insegue, abbaiando, e oramai lo ha quasi raggiunto. Così, arrivano allo steccato che delimita il piazzale, e il cane enorme lo scavalca di slancio – il piccolo, allora, si ferma, si siede, e lo guarda scomparire all’orizzonte. Poi, quello scomparso, guarda l’acqua, ed il cielo, tranquillo. E piccolo, sempre più piccolo, un po’ dimesso, trotterella sbilenco verso l’angolo estremo del piazzale, da cui era partito. Arriva, annusa, riconosce, ridispone con una zampa la terra smossa dagli eventi, e si lascia cadere mollemente su un fianco, riprendendo beato a sonnecchiare nel tepore rosso viola azzurro che finisce, e non finisce mai.
Immortale agonia.
(Postilla afro-orientale. Ho riincontrato a Menfi, Basso Egitto, il piccolo cane del Guatemala: ma cinquemila e più anni di storia ne hanno placato gli ardori. Se ne sta accucciato ai piedi della Sfinge di Alabastro, immobile e indifferente all’incessante flusso di turisti che gli passano accanto, o gli sostano di fronte, come se stesse lì da sempre, con la stessa maestosa semplicità, e indifferenza ai rumori del mondo del grande Ramses, che a pochi passi come se da sempre immobile riposa.)
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P.S. (per i francofoni) – si je retourne à la langue dans laquelle je vis depuis ma jeunesse, ce souvenir, cette histoire, ou peut-être ce rêve, se dispose je ne sais pourquoi d’une autre façon. Il n’y a pas de frontières, pas de chauffeurs qui hurlent Guate, Guate (c’est ainsi que les Guatémaltèques appellent leur capitale). Il n’y a pas non plus l’écho de l’Orient et de ses hautes montagnes… on est là, tout de suite, en train de grimper, et c’est lui, le petit chien, qui déjà avec le titre s’impose avant toute chose. Pour en savoir plus, retourner en haut de la page…
(Avec la complicité de Sophie Jankélévitch, pour le parcours en français)