Souvenirs de la maison des songes

Atelier 4 pradAtelier,     Damien Caccia

Fulvio Caccia

1er Matin

Quatre heures du matin

La grande maison est silencieuse

Et j’ai les yeux grands ouverts

L’anxiété m’a arraché aux grandes marées

aux récifs du sommeil, à ses comètes crépusculaires

dont la traîne illumine mes chaos malfaisants

J’ai les yeux grands ouverts sur la nuit qui s’en va

coquine, rejoindre ses amants par des chemins de traverse

que je ne soupçonnais même pas.

Et je reste là au mitan de mes songes. Déserté,

immobile voyageur doutant de tout,

même du secret familier

que tu me susurrais naguère à l’oreille

Qu’essayais-tu de me dire ?

Quatre du matin

La grande cuisine de merisier est silencieuse

Le voyageur attend la translation de l’aube

Qui se charge d’oiseaux et tisse déjà entre eux

des balançoires invisibles : arbres à musique

vers lesquels ils s’élancent tout heureux

d’anticiper la lumière, là

où justement le sentier bifurque

pour me ramener vers toi

Car tu es et tu n’es pas

Dans les bois dont les racines aux rêves s’enchevêtrent

au cœur de la ville blanche adossée à la colline

Silence de ton visage, vertige du nom.

Mais voici que tu parles :

« Je suis celle qui habite de l’autre côté,

Et tu ajoutes presque fière, la voisine la solitude

l’habitude, la respiration enamourée »

Je cligne des yeux

la nuit le jour

Comment savoir si tu mens ?

Me provoquerais-tu encore

pour me tirer de ma nuit

pour venir te chercher ?

Cher petit animal tremblant debout dans le sentier

tous les sens déployés

je connais tes ruses, tes faire semblants

tes astuces, tes pauses

Tu n’es plus au bout du chemin

comme tu veux me le faire accroire

Tu es repartie ailleurs déjà, « pour m’attendre, dis-tu. »

Pour m’atteindre ?!

Pourquoi ?

Pourquoi recommences-tu ?

Pourquoi es-tu revenue  ?

A quoi joues-tu ? Quel est ton but ?

Tu veux que je te suive, que je m’éprenne de toi ?

Tu souhaites me perdre encore dans le sentier aveuglant ?

Dis-moi. Parle!

Manifeste-toi au lieu de t’embusquer dans ton silence,

ton silence chatoyant dont tu te drapes vestale

savourant par avance le moment où à nouveau

je mettrai mes pas dans les tiens,

mes mots dans ta bouche : ceux que tu n’as jamais prononcés.

Je ne suis pas dupe.

Tu m’embobines, me roule dans la farine

Comme toujours

Je ne suis pas dupe, je sais tout cela depuis belle lurette

Je ne suis pas dupe.

Trois fois, je le répète et trois fois je succombe

Trois fois, je me trahis !

A quoi bon ?

Va !

Tu as gagné, tu connais mes points faibles mes anxiétés

à vouloir coûte que coûte ériger ces paroles

comme des stèles autour du cercle vide où tu me convies.

Tu connais tout et plus encore : les vers que je n’ai pas couchés

sous ton iris frémissant, ces oriflammes pour appeler le vent.

Tu devines tout, tu n’ignores pas que je marche déjà vers toi.
Je suis à nouveau pris au piège.

« Ce n’est pas un piège ! me cries-tu,

NON !

Tu n’as donc pas encore compris !

Je ne suis même pas un miroir aux alouettes.

Et d’ailleurs tu n’es pas une alouette !

Tu es

le rempart, le silène

le développement de l’action

l’imagination au parloir

l’étendue de la mer

les respirations du désert

l’envol solitaire de la buse

le silence des miroirs, l’intensité

la fuite, le chatoiement de la chaleur

la poussière sur la table

l’espoir, la continuité, l’ongle cassé ce soir

la poursuite du bonheur, l’astre, la braise de la pinède

la chute du dieu soleil, sa rédemption, sa gloire et son corps rendu

à la multitude, à son opprobre, à sa fascination, à son exultation à l’infini,

Tu es

l’alibi, mon double, mon prolongement, ma désespérance,

la force de gravitation, l’illusion, la dune, les atolls, les coraux rongés

par les algues toxiques, l’effondrement de la foi, sa résurgence, la poursuite, la puissance, le recommencement

Tu es.

Basta ! »

1er Matin

Quatre heures du matin

La grande maison est silencieuse

Et j’ai les yeux grands ouverts

L’anxiété m’a arraché aux grandes marées

aux récifs du sommeil, à ses comètes crépusculaires

dont la traîne illumine mes chaos malfaisants

J’ai les yeux grands ouverts sur la nuit qui s’en va

coquine, rejoindre ses amants par des chemins de traverse

que je ne soupçonnais même pas.

Et je reste là au mitan de mes songes. Déserté,

immobile voyageur doutant de tout,

même du secret familier

que tu me susurres  à l’oreille

Qu’essaies-tu de me dire ?

Quatre du matin

La grande cuisine de merisier est silencieuse

Le voyageur attend la translation de l’aube

Qui se charge d’oiseaux et tisse déjà entre eux

des balançoires invisibles : arbres à musique

vers lesquels ils s’élancent tout heureux

d’anticiper la lumière, là

où justement le sentier bifurque vers celui

que naguère  tu empruntais.._Arizona1

Car tu es et tu n’es pas

Dans les bois dont les racines aux rêves s’enchevêtrent

au cœur de la ville blanche adossée à la colline

Silence de ton visage, vertige du nom.

Mais voici que tu parles :

« Je suis celle qui habite de l’autre côté,

Et tu ajoutes presque fière, la voisine la solitude

l’habitude, la respiration enamourée »

Je cligne des yeux

la nuit le jour

Comment savoir si tu mens ?

Me provoquerais-tu encore

pour me tirer de ma nuit

pour venir te chercher ?

Cher petit animal tremblant debout dans le sentier

tous les sens déployés

je connais tes ruses, tes faire semblants

tes astuces, tes pauses

Tu n’es plus au bout du chemin

comme tu veux me le faire accroire

Tu es repartie ailleurs déjà, « pour m’attendre, dis-tu. »

Pour m’atteindre ?!

Pourquoi ?

Pourquoi recommences-tu ?

Pourquoi es-tu revenue  ?

A quoi joues-tu ? Quel est ton but ?

Tu veux que je te suive, que je m’éprenne de toi ?

Tu souhaites me perdre encore dans le sentier aveuglant ?

Dis-moi. Parle!

Manifeste-toi au lieu de t’embusquer dans ton silence,

ton silence chatoyant dont tu te drapes vestale

savourant par avance le moment où à nouveau

je mettrai mes pas dans les tiens,

mes mots dans ta bouche : ceux que tu n’as jamais prononcés.

Je ne suis pas dupe.

Tu m’embobines, me roule dans la farine

Comme toujours

Je ne suis pas dupe, je sais tout cela depuis belle lurette

Je ne suis pas dupe.

Trois fois, je le répète et trois fois je succombe

Trois fois, je me trahis !

A quoi bon ?

Va !

Tu as gagné, tu connais mes points faibles mes anxiétés

à vouloir coûte que coûte ériger ces paroles

comme des stèles autour du cercle vide où tu me convies.

Tu connais tout et plus encore : les vers que je n’ai pas couchés

sous ton iris frémissant, ces oriflammes pour appeler le vent.

Tu devines tout, tu n’ignores pas que je marche déjà vers toi.
Je suis à nouveau pris au piège.

« Ce n’est pas un piège ! me cries-tu,

NON !

Tu n’as donc pas encore compris !

Je ne suis même pas un miroir aux alouettes.

Et d’ailleurs tu n’es pas une alouette !

Tu es

le rempart, le silène

le développement de l’action

l’imagination au parloir

l’étendue de la mer

les respirations du désert

l’envol solitaire de la buse

le silence des miroirs, l’intensité

la fuite, le chatoiement de la chaleur

la poussière sur la table

l’espoir, la continuité, l’ongle cassé ce soir

la poursuite du bonheur, l’astre, la braise de la pinède

la chute du dieu soleil, sa rédemption, sa gloire et son corps rendu

à la multitude, à son opprobre, à sa fascination, à son exultation à l’infini,

Tu es

l’alibi, mon double, mon prolongement, ma désespérance,

la force de gravitation, l’illusion, la dune, les atolls, les coraux rongés

par les algues toxiques, l’effondrement de la foi, sa résurgence, la poursuite, la puissance, le recommencement

Tu es.

Basta ! »