All posts by viceversa

Le Spectateur florentin – Un éditorial de Giacomo Leopardi

LEOPARDINé en 1798 et mort en 1837 le poète Giacomo Leopardi est reconnu maintenant comme le plus grand penseur que l’Italie ait eu dans les deux siècles derniers. Du Zibaldone, un immense manuscrit, son journal philosophique, quelqu’un a écrit : Un livre qui fait partie du patrimoine littéraire mondial, né de plus de 4500 feuillets que Leopardi, dans la première moitié du XIXe siècle a rédigés, traitant tour à tour de philosophie, de philologie, mêlant aphorismes, longs développements, impressions. D’une densité, d’une importance que l’on peine à imaginer, un livre qui représente une véritable plongée dans le laboratoire d’un très grand esprit, d’une précocité inouïe. Essentiel.” Ce livre, traduit intégralement en français par Bertrand Schefer est publié aux éditions Allia.

Le court texte qui suit,  éditorial d’une revue jamais née en 1832, montre comme le grand philosophe et poète soit aussi un sublime ironiste. L’inutilité du magazine projeté par Leopardi a une ressemblance extraordinaire avec celle assumée par ViceVersa entre 1983 et 1996 et pour cela nous le publions tel un éditorial prophétique de la transculture. Il a été magistralement traduit par Marie José Thériault.

 

Préambule

 Certains de mes amis se sont mis en tête de fonder un journal. Ces amis, sachez-le, ne sont pas des littéraires, au contraire : ils demanderaient des explications et exigeraient volontiers réparation de ceux qui oseraient les affubler de ce titre. Ce ne sont pas davantage des philosophes; ils ne possèdent à proprement parler aucune science approfondie; ils n’aiment pas la politique, ni la statistique ni l’économie publique ou privée. Aussi, puisqu’ils ne sont rien, définir ce journal est pour eux une entreprise laborieuse : eux-mêmes en ignorent l’essence. Ou, mieux dit, ils en ont une vague idée, mais dès lors qu’ils veulent traduire celle-ci avec des mots, le chaos s’installe. Toutes leurs représentations sont négatives : leur journal ne sera pas littéraire, il ne sera pas politique ou historique, il ne traitera pas de mode, d’arts et de métiers, il n’y sera pas question d’inventions ou de découvertes, et ainsi de suite. Le concept positif, le terme qui résumera tout leur échappe. Coiffer d’un titre ce magnifique journal, voilà qui donne lieu à force sottises et sueurs froides. Si existait en italien un vocable équivalent au français flâneur, ce mot serait le frontispice tant espéré, car, tout compte fait, c’est celui qui le mieux décrit la tâche de nos futurs feuillistes. Hélas, si riche soit-elle, la langue italienne de possède pas de mot comme celui-là. Dans notre découragement, nous avons donc renoncé à nos aspirations d’originalité et, faisant montre de cette humilité qui n’est certes pas notre plus grande vertu, nous avons résolument opté pour Le Spectateur, un mot encore frais il y a un siècle et demi, puis exploité jusqu’à aujourd’hui par une foule de gens, proprement ou à tort et à travers.

 

Si le contenu de notre journal est difficile à cerner, il n’en va pas de même de sa vocation sur laquelle ne plane aucun mystère. Nous n’avons pas pour but le développement de l’industrie, l’amélioration de l’ordre social ou le perfectionnement de l’Homme. Nous ne voulons ni qu’on nous porte aux nues ni qu’on nous jette la pierre. Nous avouons en toute candeur que notre journal ne sera d’aucune utilité. Nous considérons qu’en un siècle où le moindre livre, le moindre bout de papier imprimé, la moindre carte de visite est devenu indispensable, il est fort judicieux que paraisse un journal dont le but est justement de ne servir à rien. Puisque l’homme aspire à se démarquer des autres et puisque tout est utile, il s’ensuit que celui qui promet l’inutile se singularise.

 

Nous n’avons donc pas pour objectif de rendre service, mais bien de divertir nos quelques lecteurs. Outre que le but de toute chose utile est le plaisir — qu’au reste l’on n’atteint presque jamais — notre opinion personnelle veut que le divertissement soit plus utile que l’utile. Nous avons tort, nul doute, car de nos jours, c’est justement le contraire qui prévaut. Mais au bout du compte, en ce dix-neuvième siècle empreint d’une excessive gravité, en ce siècle qui n’est pas le plus heureux de l’histoire, s’il y a encore sur terre des gens qui souhaitent lire pour le plaisir de la simple lecture  et pour trouver dans celle-ci une mince consolation aux grandes calamités, qu’ils souscrivent à notre entreprise. Les femmes, surtout, à qui nous nous efforcerons de plaire, non pas par galanterie — rien n’est plus ridicule que la galanterie qu’on imprime — mais parce qu’il est plus vraisemblable que les femmes, par nature moins sévères, accueilleront plus complaisamment notre inutilité. Nous nous proposons de beaucoup rire, mais nous nous réservons aussi de traiter de sujets sérieux tout aussi souvent, toujours dans le but d’amuser et de manière à faire rire, fût-ce en faisant pleurer. Car, à vrai dire, nous sommes plus enclins à pleurer qu’à rire. Mais pour ne pas ennuyer les autres, nous privilégions le rire au détriment des pleurs. Si le rire n’a guère de chance à notre époque, les pleurs ont été très mal vus de tout temps et continueront de l’être. De toute façon, nous avons sans doute déjà trop ri dans ce préambule, quoique nos rires puissent passer pour des pleurs à l’oreille de certains lecteurs.

 

Pour conclure, disons que nous publierons souvent des comptes rendus de parutions récentes. À ce propos, nous espérons que les auteurs que nous encenserons dans nos pages nous sauront gré précisément de cela et que, tout comme le public lecteur, ils verront très clairement que ces éloges ne sont empreints ni de flagornerie ni de servilité ni même de déférence. Nous parlerons aussi de théâtre et de spectacles. Nous publierons également des traductions de textes étrangers récents et peu connus dans la mesure où ceux-ci nous sembleront remarquables, se marieront à nos opinions et refléteront le caractère de notre journal dont nous souhaitons former un tout homogène. Si, comme nous le voulons et l’espérons, cette qualité nous vaut des articles inédits de la part de quelques valeureux esprits italiens ou étrangers, nous les accepterons avec gratitude et nous les publierons avec loyauté.

 

Les autres collaborateurs du journal souhaitent conserver l’anonymat encore quelque temps. Quant à l’auteur du présent préambule, il est le soussigné :

 

GIACOMO LEOPARDI

Florence, mai 1832

(Traduit de l’italien par Marie José Thériault)

Devi esistere

Giuseppe A. Samonà

© Some rights reserved (click on image for details)

Devi esistere quelque part: déformée, ou belle – encore –, en Nouvelle Zélande, car de là tu prétendais venir, ou ailleurs, parce que peut-être avec toi aussi la vie aura rebattu les cartes, et tout le reste. Tu dois bien exister, toi, oui, toi : et belle – encore  –, et moi je ne te l’ai jamais dit, et je n’arrive pas à m’en faire une raison. Mais quand ? L’air que nous avons respiré ensemble était un air de liberté, raréfié.

Tu l’as peut-être oublié ? Maybe, you never noticed it. Regarde.

Toi, tu volais à gauche, moi à droite. Légers, omnipotents : sans chaînes (du moins nous le croyions). Autour, partout, pour nous qui dominions d’en haut, des sons lointains de vaches qui paissent, et une odeur de bois brûlé, et des hommes tout petits, et mille et mille univers microscopiques, comme les étoiles immenses, loin de nous, loin les unes des autres, ou encore les tableaux flamands à l’intérieur desquels on se promène on se perd – tout le reste est oublié – dans des pérégrinations sans fin. Sur la crête, en équilibre, comme effleurant le sol, nous nous déplacions, nous passions, les notes d’un violon (l’instrument du paradis des pauvres) dans les oreilles, et sous nos pieds, en bas, cette vallée enchantée, inaccessible, promesse d’un bonheur infini, lointain et en même temps tout proche, presque à portée de main, hors du temps et de l’espace.

Je ne saurais dire, aujourd’hui, pendant combien de jours j’avais voyagé, ni comment et quand, de village en village, j’étais arrivé là-bas. Mais je me rappelle le lieu d’où j’étais parti : un fouillis joyeux et bruyant de bêtes, de cabanes et d’humains, qui m’avait déjà semblé être au-delà du monde que l’on pouvait connaître, et cependant encore joignable, à la portée des trains, des autobus, des canoës ou des éléphants – tout autour, en revanche, se dressaient, immenses, les montagnes enneigées, peuplées de gens dont aucune carte ne portait la trace, innervées de sentiers que ne pouvaient parcourir ni les trains, ni les autobus, ni les canoës, ni les éléphants. Elles étaient irréelles, objets de désir et de rêve, pour tous ceux qui pendant les soirées de chaleur et de soupirs disaient : … Toutefois il est possible d’y aller, en se perdant au monde et à soi-même. Ainsi, un beau matin ( mi son svegliato, oh bella ciao…), je m’aventurai, avec la seule force de mes pieds, par une de ces pensées tortueuses, escarpées… non, non, je voulais dire : par un de ces sentiers tortueux, escarpés – seul (c’était la seule façon possible), à travers des buissons d’hommes et de femmes dont je comprenais, sinon la langue, au moins le sourire accueillant, monter, monter de plus en plus haut, atteindre presque le ciel… Et je me perdis, je perdis la route, l’espace, le temps : soudain, sans savoir comment, je me retrouvai là-bas. Comme si j’y avais été depuis toujours.

Toi aussi (tu y étais arrivée seule – c’était la seule façon possible), à travers des sentiers tortueux, escarpés – ou peut être étaient-ce tes pensées, escarpées et tortueuses –, les mêmes,  et à travers les mêmes hommes et femmes qui souriaient, accueillants, mais dont la langue était incompréhensible, tu montais, tu montais de plus en plus haut, tu atteignis presque le ciel :  même si jamais tu ne me l’as avoué, même si jamais je ne te l’ai demandé, je n’en ai pas eu le courage, et encore aujourd’hui je ne puis m’en faire une raison. Mais je savais : les autres, ceux qui n’étaient pas ces hommes et ces femmes accueillants, et donc moi aussi, toi aussi, ne pouvaient arriver que seuls – c’était la seule façon possible…

De village en village. En marchant sans but précis, ou peut être notre but était-il le chemin en lui-même, et les objets, les êtres qui le peuplaient, fantômes, fantasmes, ombres, rêve, pour nous qui, là-bas, les yeux ouverts, n’avions plus ni commencement ni fin. Un rêve : comment  aujourd’hui, en état de veille, en parcourir à nouveau le sens, les méandres ?  J’entrevois seulement, comme un souffle de vapeur, un parfum, ces départs à l’aube, depuis un lieu habité d’hommes et de femmes qui saluent, pour ensuite errer sous un soleil de plomb qu’on peut presque toucher, et un ciel limpide, violent, à travers des champs de plantes aux mille nuances de vert et d’or, et des ponts de corde suspendus sur des vallées à une distance infinie, et terrifiante – nous, pourtant libres, ailés, immortels : hurlant soudain (mais comme un chant d’amour), seuls, la vie, et la mort, nous, minuscules, insectes parmi les insectes, cachés dans ces buissons de vert et d’or, avec au-dessus de nous le ciel immense, limpide et brûlant, et au-dessous la vallée à une distance infinie, inaccessible, et tout autour, infranchissables, ces montagnes que nous avions pourtant franchies, au cœur desquelles nous nous trouvions, à présent. Oui, insectes,  inaccessibles nous aussi, car dans notre petitesse nous faisions face au reste,  à nous-mêmes, à tout – nous étions l’univers : pendant que la musique de nos voix puissantes, s’abandonnant dans l’air, dansait et résonnait d’un côté à l’autre de ce théâtre sans frontières. Voilà, de cela je me souviens, mais pas des jours tous différents, pas des événements, ni des visages.

Du tien, de ton visage, je crois toutefois me souvenir, à moins que je ne l’invente – mais cela revient au même : c’était un rêve… C’est le matin, j’avance à travers le vert et l’or, quelque chose craque imperceptiblement derrière moi. C’est toi, tu es à mes côtés : et à mon regard étonné, curieux, et déjà plein d’amour – au lieu des yeux, tu as deux amandes –, tu réponds d’un sourire vague – et tu avances, tu me dépasses, je vois ton dos, et puis rien, you vanish : rapide, suave, insaisissable gazelle. Moi aussi alors j’accélère le pas, car le soleil, encore puissant, commence à descendre, et le ciel transforme les couleurs, prépare la nuit : il faut arriver au prochain village – là-bas, le jour, la chaleur est brûlante, et la nuit c’est déjà l’hiver, glacial : on ne survit pas si on n’est pas près du feu. C’est-à-dire, autour du feu : là où immergés dans une obscurité tremblante, à peine une lueur, on parle, on parle, et les récits d’aventures se suivent, et le temps s’est comme arrêté. Pourtant, à toi je ne puis parler, je n’y arrive pas  – et si maintenant, ici, je ne peux pas m’en faire une raison, là-bas (c’est ce que je ressens si je m’y laisse à nouveau transporter), à côté du feu, je m’assoupis dans une timidité béate, bercé par le silence des grillons et par ta voix, qui parle d’une île éloignée de tout, mais indiquée cependant sur les cartes. Et il me semble que tu me souris, à moi. Et c’est comme si c’était depuis toujours, c’est pour toujours : un jour, et puis le jour suivant, et tous les jours l’un après l’autre, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de jours, ni d’événements. On ne peut plus rien distinguer : marcher, se rencontrer, tu apparais, tu me dépasses, tu disparais, et puis le soir, le feu, le sourire… tout cela est comme un fleuve éternel, égal. On ne peut plus rien distinguer.

Sauf toutefois ceci… – et depuis lors je le garde toujours dans ma poche.

Bientôt arrive le soir: le pas se fait plus rapide. Et j’arrive, mon regard qui à droite domine la vallée enchantée se dirige doucement vers le centre, pour scruter le chemin (nombreux sont les dangers de ces montées escarpées, et il faut bien regarder où l’on met les pieds.) Ainsi, je te vois, toi qui déjà arrivée viens dans ma direction, pendant que ton regard à toi aussi se redresse, doucement, jusqu’à ce que nos yeux finissent nécessairement par se rencontrer, par des déplacements lents, minuscules, comme s’ils entraient dans l’eau pour se baigner. Un instant, un sourire : tu es le soleil. Un instant, et c’est l’éternité (je crois). Mais tu ne t’arrêtes pas, tu m’effleures, tu continues. C’est à moi que tu souris ? Je me retourne, tu ne te retournes pas – peut-être connais-tu l’histoire d’Orphée mieux que moi… La tête tournée en arrière, j’avance légèrement, je voudrais… Et voilà qu’un pied se plante soudain, je trébuche, je me visse sur moi-même –  mes pieds ont perdu le contact avec le sol –, le regard de nouveau vers l’avant, et mes bras essaient de s’ouvrir, comme pour voler. Un instant, moins qu’un instant, qui s’égrène, se décompose, comme les images d’une pellicule au ralenti, comme nos regards qui devaient se rencontrer : j’ai les pouces pris dans les crochets du sac, rouge et lourd, que je porte sur le dos (c’est notre emblème à nous, les voyageurs), les ailes rognées, et le sol se rapproche rapidement, menaçant. C’est l’enclos des cochons, qui se trouve en bordure du sentier, où je tombe tout entier, sans pouvoir me défendre, ni parer la chute avec mes mains qui sont prisonnières. Les cochons, alors, s’éloignent en poussant des cris déchirants, pendant qu’une vague de fange et d’excréments se soulève sous l’effet du choc – et immédiatement après, depuis le ciel, le sac, à peine plus lent que mon corps, atterrit lui aussi, et me flanque de nouveau sur le sol en provoquant un jet de fange et excréments encore plus fort. Un instant je gis, dans le silence : des cochons, des hommes, des femmes. Puis je me relève – trempé, assommé, dégoulinant – et je me retourne. Pour te voir, toi qui  maintenant  t’es aussi retournée, et tu me vois, tu me regardes – et tu ris. Nous rions ensemble, et ce rire submerge ma rougeur – car moi aussi je te regarde, maintenant, et je rougis – pendant que la boue glisse tiède, humide, le long de mon cou, de ma poitrine, de mon ventre – une caresse mouillée, pour moi : pour moi qui ne te parle pas (je n’ai jamais pu te parler, et je ne pourrai jamais m’en faire une raison…), et je suis heureux. Je suis.

(De nombreuses années plus tard. Et si tu étais plutôt celle qui de ses yeux noirs transperçait les murs ? Ou celle qui vivait dans les nuages… ou donnait des baisers furtifs, parmi les arbres métropolitains, et s’enfuyait – mais les autres aussi… ou encore – et je pourrais, me semble-t-il, te retenir – celle qui dansait, légère, sur l’eau ?  Car chaque fois, en te voyant, et en riant,  je ressens cette même caresse mouillée, cette même boue qui glisse tiède, humide, le long de mon cou, de ma poitrine, de mon ventre – et je me demande : si toutes les autres fois après celle-ci, et aussi avant, n’étaient autres que celle-ci ? S’il s’agissait toujours de toi ?)

Paris, novembre 2013

La salamandre

Giuseppe A. Samonà

© Some rights reserved (click on image for details)

Nous arrivons, la chaleur est étouffante.

Et ce devrait être la nuit, et nous devrions être plongés dans le sommeil, mais c’est le jour, et nous sommes réveillés, bien qu’hébétés, et il y a tous ces gens de l’autre côté de la vitre qui frappent de leurs mains, de leurs poings, comme si c’était nous qu’ils voulaient, nous, hébétés, qui venons de débarquer sur la lune, mais une lune que nous n’avions jamais imaginée ainsi, une lune surpeuplée, collante, presque aquatique, nous, qui devrions, qui voudrions dormir et qui sommes réveillés, et il fait chaud, trop chaud, d’une chaleur liquide, et nous voici enfin dehors, et il fait encore plus chaud, l’air est comme épais, moite, et les gens sont toujours là, encore plus nombreux, et il n’y a plus la vitre pour nous protéger, nous  sommes passés à travers, au-delà, Through the Looking-Glass, et tous hurlent s’agitent gesticulent nous entourent, ils se collent sur nous, sur nous, oui, oui, au secours ! et nous tirent de tous les côtés, il nous touchent, nous tripotent, au secours, au secours, hotel, hotel, nous nous retrouvons dans un petit chariot – mais quand y sommes-nous montés ? – hop, à toute allure, le petit chariot a même un moteur, mais que fait-il? attention à la vache, une autre vache, a cow, ou c’est un bœuf, it’s the same, mais… au milieu de la rue ? d’un poil nous évitons un étalage de quincaillerie, un autre se renverse, le vendeur – je crois – vomit des jurons, une avalanche de fruits juteux, magnifiques, roule sur l’asphalte, dans la poussière, mais nous sommes déjà loin, loin dans le petit chariot à moteur qui ressemble à une guêpe grassouillette, et toujours des vaches, des voitures, d’autres chariots, des étalages, j’ai mal au cœur, j’ai peur, mais nous arrivons, hashish hashish heroin, mais que dit-il ? non, non, of course not, ma peur grandit, où sommes-nous ? Vite, entrer dans l’hôtel, entrer dans la chambre, vite, fermer la porte, et se laisser tomber sur le lit, épuisé, collant, immonde, il fait chaud, chaud, et c’est le jour, pour toujours, mais au moins je suis sur le lit, à l’horizontale, en sécurité – quand tout à coup je la vois: juste au dessus de moi, collée au plafond avec ses petites pattes, à ventouse, roses et petites, des pattes répugnantes, et toutes petites, toutes roses, mais tout le reste est étonnamment gros, énorme, et vert, la queue, le ventre, ce ventre énorme et vert qui se gonfle et se dégonfle, lui aussi répugnant, et la grosse tête, qui renversée me regarde de ses yeux indifférents, le cou aussi qui se gonfle et se dégonfle, et la bouche qui s’ouvre et se ferme, comme si elle était en train de déglutir quelque chose, ou comme si elle voulait parler, oui, oui, tandis que les lèvres – elle a même des lèvres, la sale bête ! – dessinent comme un rictus. Elle semble sourire, rire, et en souriant, en riant – mais les yeux comme dissociés restent indifférents – elle me regarde, et enfin (me semble-t-il) elle siffle, chuchote : Je suis la salamandre – dit-elle  et si ça me chante je ‘dépattouille’ mes ‘pattouillettes’  roses à ventouse (ainsi parlent les salamandres…) et je tombe toute répugnante que je suis sur ton visage. Eh oui, c’est très exactement ce qu’elle dit – ou peut-être c’est moi qui lis dans ses pensées – en me regardant, moi qui sur le lit, depuis le lit, la regarde. Et je ne bouge pas.

Partout ailleurs, c’est évident, je partirais en courant, dehors, au loin. Mais là, maintenant, à quoi cela servirait-il? Dehors il y a hashish hashish heroin, et cette circulation effrayante, tout est effrayant, dangereux, les vaches, les chariots, l’asphalte poussiéreux, les avalanches de fruits et de quincaillerie, et les gens, les gens qui hurlent, heroin, hotel, et même mushrooms, et puis, bien sûr, encore et encore hashish, hashish, et ils tirent, poussent, touchent, touchent de leurs mains répugnantes, telles des pattes visqueuses, ‘ventousées’, elles aussi semblent roses, et elles se multiplient, non pas deux, mais dix, cent, mille, comme s’il n’y avait qu’un seul monstrueux humain aux mille petites pattes roses d’amphibien…. Mon Dieu, si je pouvais, je la retraverserais à rebours, cette ville infernale, jusqu’à l’aéroport, au-delà des vitres, back through the Looking-Glass, et hop, à bord, dans l’avion, pour rentrer chez moi – je n’ai même pas vingt ans. Mais je suis trop, trop fatigué, trop collant, il fait une chaleur folle, je ne peux pas. C’est pourquoi je demeure sans bouger, allongé sur le lit, tandis qu’au plafond les pales du ventilateur ont commencé à tourner – qui le leur a demandé ? – en remuant la chaleur, pour moi et la salamandre, qui comme toujours sourit, rit, et me regarde.

(Quand l’obscurité est arrivée, la nuit, elle ne nous a pas fait peur, comme elle aurait dû, elle nous a quelque peu soulagés – comme si tout là-bas avait été à l’envers, ou peut-être était-ce parce que le temps, au moins lui, se décidait enfin à fonctionner normalement, je ne sais – et nous avons mis le nez hors de l’hôtel, deux pas, rien de plus, au milieu des ombres des hommes, toujours frénétiques, hurlants, qui touchent, mais comme d’une manière moins intrusive, presque caressante, et la chaleur ne finit pas, et nous buvons un jus de mangue, c’est délicieux, et nous rions avec le vieillard aux gestes de prince qui nous le vend et essaye de nous faire rire, et nous sentons dans l’air un souffle – donc, ici aussi le vent existe…–, et nous regardons le ciel, les étoiles – donc, aussi le ciel, les étoiles… – et nous rentrons dans notre chambre, je suis de nouveau allongé sur le lit, comme sur le plancher d’un bateau au milieu de la mer infinie, la salamandre est toujours là, mais il me semble qu’elle ne rit plus, elle sourit seulement, et elle est, comme tout le reste, presque acceptable : notre premier jour s’achève, et je m’en aperçois – mais je ne m’aperçois pas, je ne le sais pas encore,  que je suis déjà tombé éperdument amoureux, et à jamais, de l’Inde.)

__________________

 (…Or I could just cite Conrad again, only this time verbatim: “And this is how I saw the East. I have seen its secret places and have gazed into its very soul; but now I see it from a small boat, a high outline of mountains… The first sigh of the East on my face. That I can never forget. It was impalpable and enslaving, like a charm, like a whispered promise of mysterious delight”. How can I, today, not feel a sweet strong emotion seeing again in my mind that smiling salamander hanging over head?)

Paris, mars 2013

Le droit culturel, la transculture, la diversité et ses exceptions

Fulvio Caccia

1545584483_5e2a196b8b_b
© Some rights reserved (click on image for details)

Les négociations qui ont précédé le G-8  en mai 1993  afin d’établir une vaste zone de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis et les déclarations tonitruantes de M. Manuel Barroso, président de la Commission européenne auxquelles s’ajoutent les réactions d’autres politiques comme celle, courageuse, de Michel Barnier, commissaire européen français, ont remis la diversité culturelle sur le devant de la scène.

Car ces escarmouches sont loin d’être anodines ; elles montrent à l’évidence que la bataille autour de la diversité culturelle fait rage de plus belle. Car c’est une drôle de guerre – une guerre invisible et à rebondissements – qui se déroule dans l’ambiance feutrée de ces rencontres internationales où se croisent politiques, ONGs, grands argentiers, lobbyistes des deux rives de l’atlantique. Une guerre qui ne dit pas son nom mais dont les enjeux sont considérables tant sur le plan  politique, économique  que financier puisqu’ils détermineront dans une large mesure dans quelle société demain nous voulons vivre.

Dans les faits, il s’agit d’une nouvelle tentative pour introduire les productions culturelles et de communication dans les négociations des biens et services que conduit l’OMC depuis 1995. Le but consiste à les traiter comme des marchandises, détachées de la charge symbolique dont elles sont porteuses, pour en amplifier la rotation et par conséquent les profits.

Le premier épisode de cette guerre invisible s’est déroulé il y a déjà quatorze ans à Seattle lors du Sommet de l’Organisation mondiale du Commerce. C’est à ce moment que le gouvernement français avait proposé “l’exception culturelle” une notion qui  peinait à fédérer l’ensemble des pays de la planète. C’est pourquoi, souvenons-nous, il lui a été préféré l’expression “diversité culturelle”, plus inclusive. Notion qui devait très tôt rallier le Canada. Il s’agissait pour ce pays de se défendre auprès de l’OMC contre toute-puissance de la publicité américaine dans les magazines américains exportés sur son territoire. l’Organisation mondiale du commerce ayant refusé de leur accorder le droit de taxer les États-Unis en retour, le Canada deviendra l’allié objectif de la France sur cet épineux dossier. La diversité culturelle s’imposera ailleurs d’autant plus facilement que le débat sur l’AMI, l’accord multilatérale sur l’investissement, et c’est là le deuxième épisode de cette guerre larvée, mobilise à l’époque nombre de créateurs et de cinéastes du monde.

Grâce à l’impulsion des diplomaties française et canadienne et de leurs alliées, la diversité culturelle gagnera en popularité. Un pré-accord sera voté en décembre 2001 à Paris et la « Convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques » sera adoptée définitivement lors de la Conférence générale de l’UNESCO le 17 octobre 2005 par la très grande majorité des pays-membres. Mais cette Convention n’empêche pas les tenants de la culture-divertissement de tenter de l’imposer en catimini. Cela oblige à une vigilance de tous les instants de la part de ceux qui croient que la diversité est un principe universel et régulateur de l’espace civique, technologique autant que biologique. Mais encore faut-il que cette notion soit « au-dessus de tout soupçon ». Ce qui est loin d’être le cas.

Car si la diversité culturelle porte flanc à la critique, c’est que le terme par définition est polysémique. En effet tout le monde est pour la diversité, y compris les puissants de ce monde qui la revendiquent également. Souvenez-vous de la tribune de l’ancien patron de Vivendi dans les pages du quotidien « Le Monde » pour défendre la diversité culturelle de son entreprise et par extension celle de la nouvelle élite mondialisée. C’est ainsi que le franco-catalan et très médiatique PDG de Renault, Carlos Gohn, utilisera la diversité comme argument pour défendre l’entrée de l’indien Mittal dans le capital d’Arcelor. On sait aujourd’hui quel en fut le prix pour la sidérurgie française. Cette diversité culturelle, apparemment heureuse, est celle des marchés mondialisés que nous vantaient naguère les couleurs unifiées de Benetton. Le but était  de nous faire croire  que l’achat d’un bien culturel en espèces sonnantes et trébuchantes servira à  combler , ipso facto le besoin qui s’exprime. « Vous y avez pensé, Sony l’a fait !

C’est pourquoi des initiatives ont vu le jour pour consolider « le droit culturel » et en faire l’assise juridique de ces nouvelles appartenances transnationales. C’est notamment le cas de la Déclaration de Fribourg dont l’animateur principal est le philosophe suisse Patrice Meyer-Bisch de l’Université de Fribourg (http://droitsculturels.org). Ce nouveau droit qui découle de la Déclaration universelle des droits de l’homme permettrait ainsi de mieux représenter les différences culturelles au sein des États-nations qui, on le sait, rechignent par nature à reconnaître les particularismes. C’est le cas en France où le processus de ratification de la Charte européenne des langues régionales a été interrompu en 1999 parce que le Conseil constitutionnel a estimé qu’elle était incompatible avec la Constitution française.

Le républicanisme jacobin, on le voit, est rébarbatif aux minorités. Ses défenseurs craignent une porte ouverte aux dérives communautaristes qui attiseraient les revendications particularistes dont le pays,  jadis avait  souffert. De l’autre côte de l’Atlantique, les sociologues de l’école de Chicago des années trente ont défendu une thèse similaire ; ils avaient théorisé la nécessité pour les immigrants de se fondre dans le modèle de « l’American Way of Life » dont la constitution américaine était la garante. Ce qui permettait du coup de produire de l’unité à travers la diversité et donner un sens au De pluribus unum ; la devise fondatrice du « melting pot » américain.

Un peu plus au sud, le cubain Fernando Ortiz forgeait, lui, un néologisme fécond – la transculturation- pour rendre compte de la «Cubanitad », de son île natale. Cette nation qui reprend à rebrousse poil les visées assimilationnistes des grandes puissances, permettait de mieux rendre compte du processus de transformation en acte dans toute culture. C’est pourquoi avec les amis de la revue ViceVersa de Montréal (www.viceversamag.com) nous l’avions reprise il y a plus de 25 ans pour définir la ligne éditoriale de notre publication.

Pour nous, la transculture n’était pas en contradiction avec la nationalité mais la complétait car elle était le mieux à même de désarmer le mécanisme des « identités meurtrières » qui s’y trouvent blotties et dont l’écrivain Amin Maalouf a démontré fort justement la puissance destructrice.

En effet comment peuvent coexister plusieurs identités en une seule et même personne ? Cette équation à multiples inconnues est non seulement une contradiction dans les termes mais plus encore un abus de langage. L’identité est la somme des appartenances qui peuvent être aussi variées et nombreuses qu’on le souhaite. Car les appartenances ne se situent pas au même niveau que l’identité qui les rassemble. Elle ne se polarisent pas non plus de la même manière : le contexte dans lequel on se trouve peut en modifier l’équilibre. Moi qui suis né Italien mais ayant vécu au Canada puis en France, je déclinerai ces appartenances autrement en fonction du pays où je me trouve. Mais il peut s’en ajouter d’autres qui ne n’appartiennent pas à la nationalité. Et pourtant que de malentendus et de conflits sanglants, ces identités ont-elles générées au fil des siècles.

Aujourd’hui avec la connaissance accrue que nous avons des mécanismes identitaires, amplifiée par la puissance numérique des technologies de l’information, nous devrions nous éviter de tomber dans ce piège grossier. Mais encore faut-il que la diversité des appartenances soit reconnu en tant que telle. Les droits culturels tels qu’énoncés dans la Déclaration de Fribourg en constituent une étape nécessaire. Leur éventuelle ratification par les Etats de même que par les institutions multilatérales favoriserait l’avènement politique d’une citoyenneté véritablement transnationale.

A bon entendeur, salut !

Publié initialement sur www.combats-magazine.org

Enjeux de la technodiversité

Fulvio Caccia

111128011601-facebook-phone-app-story-top

Publié initialement dans les pages de www.combats-magazine.org

La transculture  ne se réduit pas simplement à sa variante culturelle ( diversité culturelle) , politique (le fameux pluralisme) ou encore biologique (la biodiversité), elle se décline plus que jamais dans l’espace technologique. Un éloquent contre-exemple nous a été donné récemment par l’espionnage opéré par les services secrets américains avec la complicité intéressée des principaux opérateurs numériques (Google, Facebook, Apple, Microsoft). Désormais nul besoin de déployer les grandes oreilles radar vers la ionosphère pour capter les ondes radio de tout un chacun comme naguère le faisait le programme Échelon ( Au fait-il toujours en opération ?), il s’agit simplement de se brancher à la source , directement sur les serveurs de ces méga-agrégateurs d’information. C’est ce que nous révélait le 4 juin 2013  le Washington Post et The Guardian.

En ce début de l’été 2013, leur source a décidé de se montrer au grand jour. Il s’agit d’Edward Snowden, 29 ans, un informaticien de la société Verizen qui sous-traitait le contrôle des communications des citoyens des États-Unis pour le compte de la toute puissante et occulte National Security Agency. Dans son entretien au journaliste The Guardian, le jeune informaticien , réfugié à Hong Kong, révélait combien il lui était alors facile d’avoir accès aux données personnelles de n’importe quel citoyen y compris le président lui-même si cela s’était avéré nécessaire. Une perspective qui donne froid dans les dos. Ainsi donc, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, le fameux « Patriot Act », l’une des plus grandes démocraties du monde confirmerait sa tentation totalitaire vingt ans après que son ennemi historique se soit effondré pour l’avoir justement érigé en dogme. C’est le serpent qui se mord la queue.

S’il ne pas encore le visage du totalitarisme dur qui régnait naguère derrière le rideau de fer, c’est que les avancées époustouflantes de la technologie numérique permettent à la société de l’information mondialisée d’avancer masquée en brandissant justement la démocratie et l’éducation accessible à tous comme autant de leurres.

Mais quelle est la nature de cette société mondialisée qui s’américanise en apparence non seulement par sa culture du divertissement mais également par l’adhésion aveugle des élites nationales du monde entier aux protocoles de gestion et de management développées naguère par l’Oncle Sam. Loin de moi l’idée d’emboucher les trompettes de l’antiaméricanisme. Car c’est justement à l’instant où il s’internationalise que ce modèle perd toute référence nationale pour devenir le mode de gestion transnational du capitalisme avancé. Toutes les oligarchies du monde y apportent peu ou prou leur contribution. Naguère le PDG de Vivendi Univeral, s’était fendu d’une opinion dans le Monde pour déclarer et annexer par ce biais la diversité culturelle sous le giron de sa multinationale. Cette diversité dont le marché a besoin pour faire tourner la roue de la profitabilité, c’est celle des biens de consommation, réduit à l’état de simulacre culturel. Processus de fétichisation de la marchandise bien connu depuis Marx.

Aujourd’hui dans ce dispositif, c’est la marchandise même qui « disparaît » à son tour bien après avoir dissout le prolétariat au profit des protocoles de gestion de vos communications personnelles et de leur contrôle. C’est ce qu’avait mis en lumière un Baudrillard par exemple et que confirme la privatisation des ces protocoles de contrôle. Il est en effet significatif que des entreprises privées obtiennent par appel d’offres de telles responsabilités qui appartiennent d’abord à l’Etat, c’est-à- dire en démocratie, à l’ensemble des citoyens.

Cette privatisation de modes de contrôle est comparable à la privatisation pas si lointaines de larges secteurs du domaine public. C’est une constante du capitalisme depuis l’origine dont les conséquences sont paradoxalement de réduire d’autant l’espace de liberté. Et cela passe par le droit et la reconnaissance de la propriété privée sur ce nouveau territoire bien plus lucratif que le bien foncier : les données personnelles. C’est ce droit que Facebook reconnaît à l’ utilisateur de son réseau social. En échange de la publication de ces données personnelles, il lui demande simplement « une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle…» (Déclaration des droits et responsabilité, article 2.1). C’est précisément ce droit de propriété que les juristes néerlandais ont reconnu aux Indiens de Manhattan au XVIe siècle pour ensuite leur racheter leur terre à vil prix. Ce principe de propriété a été ensuite appliqué mutatis mutandis à l’ensemble des tribus indiennes d’Amérique du nord pour mieux les spolier. Or c’est sur ce droit reconnu sur lequel se fonde l’essentiel des revendications actuelles des Amérindiens sur leur ancien territoire.

SOUVERAINETÉ SUR LES DONNÉES PERSONNELLES

Avancée pour les uns, hypocrisie pour les autres il n’en demeure pas moins que ce droit à la souveraineté personnelle est en train d’émerger comme le nouvel Eldorado, la nouvelle « richesse des nations » qui peut dériver aussi en accord de dupes. La transformation de l’internaute en auteur reconduit sous les projecteurs la confrontation entre droit d’auteur et copyright. C’est un dilemme que les écrivains connaissent bien : que faire de ses droits universels si personne ne les exploite ?

Bien que ne se situant pas au même niveau qu’une œuvre littéraire, les donnes personnelles sont exploitées en fonction du même principe : le droit intellectuel. C’est la matérialisation d’une œuvre de l’esprit sur un support matériel (un livre papier, un cd) qui en fait un objet public et exploitable. Avec les données personnelles, nous demeurons dans le virtuel et l’agrégat. C’est l’addition des fichiers personnels qui fait masse et devient exploitable.

Que faire face à cette marchandisation de la vie privée ? Aujourd’hui les outils existent (Voir article la nouvelle richesse des nations) Il n’en tient qu’à nous de les utiliser . A bon entendeur Salut !

Fulvio Caccia